Quand un jour pluvieux au marché aux puces mène au trésor
- Philippe Smolarski
- 6 janv.
- 2 min de lecture
Parfois, les découvertes les plus extraordinaires commencent par un simple courriel. La semaine dernière, Sarah nous a envoyé quelques photos de ce qui semblait être un vase en verre intéressant. La qualité de ses photos était excellente - des prises de vue claires sous tous les angles, avec des détails parfaits de la base et de la signature. Dès que je les ai vues, j'ai su que je devais enfreindre le protocole et l'appeler immédiatement avant de lui envoyer notre rapport PDF habituel.
« Bonjour Sarah ? C'est Philippe de Moon Rabbit Art. Avez-vous un moment pour nous parler du vase que vous avez photographié ? »
« Oh oui, bien sûr ! » répondit-elle avec un charmant accent britannique. Je passai immédiatement à l'anglais lorsqu'elle m'expliqua qu'elle venait de quitter Londres il y a trois mois pour rejoindre une agence de création à Paris en tant que graphiste. « Je l'ai acheté hier à la Porte de Vanves. Honnêtement, je ne sais pas grand-chose à ce sujet, mais j'ai aimé le design... »
J'ai pu entendre la curiosité dans sa voix tandis que je lui expliquais ce qu'elle avait trouvé : un véritable vase « Borromée » de René Lalique datant de 1928. Sa trouvaille de 45 € au marché aux puces valait environ 8 500 €.
Il y eut un long silence au téléphone.
« Es-tu... es-tu sûr ? » réussit-elle finalement à dire.
Sarah m'a ensuite raconté comment elle avait failli zapper le marché ce samedi matin pluvieux. Toujours en train de s'adapter à la vie parisienne et essayant de meubler son nouvel appartement dans le 11e arrondissement, elle avait commencé à explorer les marchés aux puces de la ville. Elle m'a raconté comment elle avait trouvé le vase dans une boîte en carton détrempée portant simplement la mention « Verre », et comment le vendeur âgé avait mentionné qu'il avait appartenu à une ancienne gouvernante d'une famille riche de Neuilly dans les années 1930.
« Je trouvais ça joli, avoua-t-elle, toujours abasourdie. Je n'aurais jamais imaginé... »
J'ai expliqué l'importance de la pièce : sa teinte bleue opalescente caractéristique, son motif géométrique en écailles de poisson et la signature authentique « R. Lalique France ». Nous avons discuté de son histoire et des raisons pour lesquelles le modèle « Borromée » est particulièrement recherché par les collectionneurs.
« Notre rapport d'évaluation officiel vous parviendra sous peu par e-mail », lui ai-je assuré, « mais je voulais vous appeler personnellement pour vous faire part de cette nouvelle. Des découvertes comme celle-ci sont la raison pour laquelle nous aimons ce que nous faisons chez Moon Rabbit Art. »
« Tu sais ce qui est drôle ? » dit Sarah, la voix désormais remplie d’émerveillement. « Je crois que je vais le garder. Pas à cause de sa valeur, mais à cause de toute cette expérience. Combien de personnes ont la chance de vivre une histoire comme celle-ci ? De plus, ce sera la pièce maitresse de mon appartement parisien »
Après avoir raccroché, j'ai souri en préparant le document d'évaluation officiel. À l'ère du numérique, il est rare de pouvoir annoncer personnellement des nouvelles aussi passionnantes, mais certaines découvertes méritent bien plus qu'un simple courriel.
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